Droit de réponse !

Dernière mise à jour le 12 juin 2025 par slecourtier

SNALC Ecole Aix Marseille

Comme vous tous, nous avons reçu, dans nos boîtes mails professionnelles, un mail de notre ministre de l’éducation nationale, Madame 49.3 pour ne pas la nommer.  Celle-ci disait,  samedi dernier, qu’il fallait « éviter la surenchère de mesures éculées » après « chaque actualité dramatique », appelant à « privilégier la réflexion ». Avant d’ajouter : « on ne doit ni légiférer à chaud, ni dans l’émotion. » De qui se moque-t-on ? 

Depuis 2017, Madame Borne n’a-t-elle pas occupé des fonctions de ministre et de première ministre ? Qu’a-t-elle donc fait, à froid, puisqu’à chaud il ne faut pas réagir ? N’a-t-elle pas eu suffisamment de temps et d’expérience pour passer de la réflexion aux actes ? Depuis l’envoi de ce courriel, nous recevons de nombreux témoignages de ras-le-bol  face à cet énième courriel de recueillement. Nous en avons soupé et assez, des bougies, des minutes de silence, des marches blanches, des plans com et récupérations politiques à chaque drame qui frappe « notre corps ». Encore une fois, de qui se moque-t-on ?

Nous voulons pouvoir aller travailler en toute sécurité et sérénité ! Nos familles n’en peuvent plus de nous regarder partir le matin, la boule au ventre, dans l’incertitude de ne pas nous voir rentrer le soir ! Nous ne voulons plus de paroles mais des actes ! Maintenant, PRENEZ DES MESURES SÉCURITAIRES ET SOCIÉTALES FORTES, pour respecter notre droit fondamental de vivre, d’enseigner et d’éduquer en toute sécurité !

En guise de réponse, nous avons choisi de laisser nos conjoints, nos enfants, nos familles vous partager la lecture qu’ils font de votre lettre. Car eux sont à nos côtés au quotidien dans les moments de doute et de violence. Ils sont aujourd’hui heurtés et dans la peur de nous voir partir au front. Comme nous, ils en ont assez de votre langue de bois !

A nous, conjoints, familles de personnel de l’éducation nationale, de reprendre votre lettre et de vous faire savoir le message caché de notre ressenti en vous lisant:

Chers personnels de l’Éducation nationale,

L’énièmedrame survenu hier au collège Françoise-Dolto de Nogent a bouleversé encore une foisles citoyens français. L’assassinat d’une assistante d’éducation Madame Mélanie GRAPINET, en pleine journée de travail, à l’entrée de l’établissement, lors d’un banal contrôle des sacs des collégiens, nous frappe d’effroi. Cet assassinat aurait peut-être pu être évité si nous étions à l’écoute des besoins des professionnels de l’éducation nationale.

Par cette lettre, je tenais à vous dire combien je partage momentanément le choc, la tristesse et l’indignation qui vous traversent.

Comme vous, je pense d’abord à la victime, à sa famille, à ses proches, à ses collègues, aux élèves et à toute la communauté éducative du collège Françoise-Dolto. C’est pourquoi nous sommes surpris que les changements de programmes, d’horaires d’école et de vacances scolaires n’empêchent ni les agressions ni ne rendent les coups de couteau, inoffensifs et indolores. Je veux vous assurer de mon soutien 

à cet instant. Vous exercez une mission essentielle et non reconnue. Je ne sais que trop peu de choses malheureusement de

 votre dévouement, de votre courage, et de l’engagement dont vous faites preuve chaque jour.

Jeudi à midi, une minute de silence sera observée dans tous les établissements de France pour rendre hommage à notre collègue disparue. 

Une énième minute de silence, à une heure et à un moment de l’année où beaucoup d’établissements du secondaire, par le fait du calendrier scolaire, sont déjà désertés. 

Ce temps de recueillement dira aussi, collectivement,notre refus de l’indifférence le temps d’un mail et notre volonté de faire bloc autour des valeurs de l’École et de celles et ceux qui la font vivre. Puis nous continuerons de légiférer sur l’accessoire en oubliant l’essentiel, tant nous sommes coupés de la réalité du terrain.

Vous pouvez compter sur ma détermination totale pour protéger notre école en paroles du moins et l’ensemble de la communauté éducative.