Dernière mise à jour le 20 septembre 2025 par slecourtier

COMMISSION DES AFFAIRES CULTURELLES
TABLE RONDE SUR LA RENTRÉE SCOLAIRE RÉUNISSANT DES REPRÉSENTANTS DES SYNDICATS REPRÉSENTATIFS D’ENSEIGNANTS
Mercredi 17 septembre 2025

LES VIDÉOS
PREMIER DEGRÉ
Première intervention de Jean-Rémi GIRARD, président du SNALC
« Notre école ne va peut-être pas continuer à fonctionner sur le dos des personnels et sur la bonne volonté des personnels. »
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TRANSCRIPTION
Bonjour Madame la Présidente, bonjour Mesdames et Messieurs les députés,
Nous avons une pensée de la part du SNALC pour notre collègue Caroline Grandjean-Pacoud. Rappelons que c’est une affaire qui n’est pas nouvelle, qu’il y avait déjà eu des alertes, et même de la médiatisation ; à l’arrivée, alors que la protection fonctionnelle était donnée, alors que toutes les alertes étaient faites, en arriver à ce que notre collègue se suicide nous paraît absolument nécessiter une enquête approfondie pour déterminer notamment si le soutien de l’institution a été plein et entier.
Sur la rentrée, cette rentrée n’est malheureusement pas très différente des rentrées des années précédentes.
Le problème d’attractivité est toujours le même, nous avons toujours des manques au concours, dans le premier degré, dans les académies déficitaires – maintenant structurellement – que sont Versailles, Créteil, la Guyane ou Mayotte, pour des raisons qui ne sont pas non plus toujours les mêmes ; néanmoins, ces difficultés se sont installées dans la durée. Vous allez avoir à voter un budget. Budgéter, à un moment, c’est choisir. Nous, au SNALC, nous pensons qu’il faut choisir l’école de la République qui, contrairement à ce qu’on peut entendre, n’a pas été privilégiée, et cela s’en ressent sur les conditions de travail des professeurs des écoles.
Je voudrais vous rappeler quelques chiffres du ministère de l’éducation nationale. Alors que les professeurs des écoles sont ceux qui ont le plus l’impression de faire quelque chose d’utile, d’avoir le sentiment que leur travail a du sens et de la valeur dans l’éducation nationale, ils sont aussi ceux qui ont le moins le sentiment que leur métier est valorisé dans la société (2,5/10 d’après l’échelle du ministère de l’éducation nationale, et 3,2/10 sur la satisfaction sur le niveau de rémunération).
Vous allez me dire, l’argent on en manque… Néanmoins, est-ce qu’on utilise celui qu’on a de la meilleure des façons possibles ?
J’en viens à la formation initiale, par exemple. On a beaucoup de politiques pour essayer d’attirer de nouvelles personnes. Nous allons avoir une formation – qui d’ailleurs, sur le premier degré, n’est pas forcément mauvaise, et nous on n’avait pas de soucis avec le changement de place du concours par exemple – mais on se préoccupe très peu de garder les agents qu’on a déjà.
La ministre démissionnaires Borne a bien signalé qu’il y avait un souci de milieu de carrière, je ne crois pas qu’elle ait fait quoi que ce soit pour le résoudre ; et quand bien même elle aurait essayé de le faire, les arbitrages budgétaires ne l’ont pas permis. À un moment il faut bien se rendre compte que les personnels de l’éducation nationale ont envie de partir et que la satisfaction de faire quelque chose d’utile n’est pas un moteur suffisant pour les faire rester. Ils ont pris conscience qu’ils ont des compétences qui peuvent être aussi utiles ailleurs dans la société. Donc il va falloir véritablement avoir une prise de conscience collective sur le fait que notre école ne va peut-être pas continuer à fonctionner sur le dos des personnels et sur la bonne volonté des personnels.
Sur l’école inclusive, nous avons un vrai souci avec les pôles d’appui à la scolarité (PAS). On avait un souci avec les PIAL aussi, mais celui-là est qu’il y a notamment la disparition d’un mot qui nous paraissait pourtant un mot très important dans la politique de l’école inclusive, c’est le mot handicap. Nous sommes en train de glisser d’une politique à destination des élèves en situation de handicap vers une politique à destination des élèves à besoin éducatif particulier, notion très floue qui pour le moment, c’est un mot qui pour nous recouvre 100 % des élèves : chaque élève a des besoins éducatifs particuliers. Le saupoudrage qui est actuellement l’école inclusive risque d’être encore plus du saupoudrage.
Je voudrais aussi signaler qu’avant de généraliser, normalement, on doit faire le bilan des expérimentations. On a expérimenté les PAS dans 4 départements. À ce jour, pour les organisations représentatives, aucun bilan n’a été présenté par le ministère de l’Éducation nationale, mais déjà il y a la volonté de l’inscrire dans la loi, ce qui nous semble à minima étrange. Pourquoi expérimentons-nous si c’est pour ne pas s’appuyer sur les résultats des expérimentations ?
Un dernier point sur la direction d’école. Les directrices et directeurs d’école sont absolument surchargés. Le SNALC a demandé depuis très longtemps que des personnels administratifs puissent venir en soutien au directeur d’école. Il y a aussi la question parfois de l’accueil, le fait d’avoir des personnes à l’entrée des écoles. Les écoles sont souvent des passoires, très clairement, puisqu’une fois que les personnels sont en classe, il n’y a absolument personne pour voir ce qui s’y passe. La loi Rilhac, de ce point de vue-là, n’a strictement rien résolu. Les directrices et les directeurs d’école tirent la sonnette d’alarme.
Je vous remercie.
Intervention de Xavier Perinet-Marquet, membre de la commission 1er degré du SNALC
Deuxième intervention de Jean-Rémi GIRARD, président du SNALC
Troisième intervention de Jean-Rémi GIRARD, président du SNALC
La vidéo complète de la commission
SECOND DEGRÉ
Première intervention de Jean-Rémi GIRARD, président du SNALC
« On nous a beaucoup parlé de l’école de la confiance. Et ce qui nous remonte des personnels du second degré, c’est qu’on ne nous fait absolument pas confiance. »
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TRANSCRIPTION
Madame la Présidente, Mesdames et Messieurs les députés, bonjour, ou re bonjour.
Je ne vais pas revenir sur certains points de ce matin, mais qui concernent tout autant le second degré que le premier degré, la question de l’attractivité. Cette question de l’attractivité se pose même d’ailleurs depuis plus longtemps, dans le second degré.
La question de l’école inclusive et de ce que, nous, on appelle l’inclusion au rabais des élèves se pose de plus en plus massivement dans les collèges prioritairement, mais aussi énormément dans les lycées professionnels. C’est un point dont les collègues nous parlent de plus en plus.
Quant aux postes au concours, on sait que certaines disciplines sont maintenant structurellement sinistrées, les lettres, les mathématiques, l’allemand. Et certaines viennent chaque année s’ajouter ; on se rend compte qu’on a de plus en plus de mal à vouloir devenir enseignant, quand bien même des choses sont tentées pour changer la place du concours, tenter des petites revalorisations salariales. On voit qu’on est quand même très loin du compte sur un métier qui aujourd’hui n’attire plus.
Je voudrais, au nom du SNALC, revenir sur une formule qu’un précédent ministre utilisait beaucoup et qui nous semble nécessaire de réanimer ici, la formule d’école de la confiance. On nous a beaucoup parlé de l’école de la confiance. Et ce qui nous remonte des personnels du second degré, c’est qu’on ne nous fait absolument pas confiance. On n’a absolument aucune confiance dans nos compétences professionnelles.
On n’a, exemple récent, aucune confiance dans notre capacité à évaluer nos élèves au lycée général et technologique. Puisqu’on nous sort une note de service de rentrée qui n’a été même pas discutée, ni même évoquée avec l’ensemble des organisations syndicales représentatives, avec les représentants des personnels qui sont supposés la mettre en œuvre. Cette note de service est censée nous expliquer qu’il faut évaluer comme ci et plus comme ça, qu’il y a des évaluations comme ci et des évaluations comme ça. Que pour certaines, il faut mettre coefficient zéro et pour d’autres, non. Et que tout ça va permettre aux élèves d’être moins stressés, puisque c’est bien connu, s’il y a moins d’évaluations qui comptent, ces évaluations-là ne vont pas plus les stresser. Ça n’a aucun sens. Mais ça arrive peut-être parce qu’il fallait dire quelque chose, je ne sais pas, peut-être parce que quelqu’un a eu une idée dans un bureau de la DGESCO à un moment… alors voilà, on est en train de redésorganiser le baccalauréat général et technologique qui n’avait vraiment pas besoin de ça. Puisque depuis qu’il a été mis en place ce nouveau bac, je rappelle qu’il y a à peu près un nouveau bac par an. Nous vivons chaque année un renouvellement du baccalauréat et du fonctionnement du baccalauréat. Alors cette année, on va avoir une épreuve de mathématiques. Ça fait quand même plus d’un an qu’au SNALC on alerte sur le fait qu’on n’a peut-être pas les correcteurs pour corriger l’épreuve commune de mathématiques, les épreuves de spécialité et être jury du grand oral. Moi, qui suis professeur de lettres, je sais qu’on manque de professeurs de lettres pour faire tout ça. Donc pour les professeurs de mathématiques, ça risque d’être le même problème. Si on veut montrer qu’on ne fait pas confiance aux personnels de l’éducation nationale, il faut continuer à faire ça : il faut continuer à balancer des directives qui viennent contredire les directives précédentes. Et réformer la réforme de la réforme de la réforme… parce que visiblement, on n’a pas dû bien la comprendre la première fois et qu’il faut nous la présenter différemment.
Sur la voie professionnelle, vous avez parlé, Madame la Présidente, du fameux Y. Je voudrais juste vous donner un chiffre qui vient d’une très sympathique académie. Sur la partie d’enseignement renforcé pour les élèves qui n’iraient pas en stage, en entreprise, dans une académie, le chiffre d’absentéisme est de 90 %. Mais ce n’est pas grave, on maintient le Y cette année, même si on le réduit à 4 semaines. Au moins, ils ne seront absents que 4 semaines au lieu d’être absents 6 semaines. Une fois encore, les organisations syndicales, je crois assez nombreuses, dont le SNALC, avaient signalé ces problèmes-là, très en amont. Visiblement, on ne leur a pas fait confiance.
Un point sur la formation initiale. On a un souci spécifique sur le second degré. C’est que le master ad hoc éducation est forcément un master éducation dans le process de formation. Et qu’on ne peut plus faire des masters de recherche disciplinaire pour devenir enseignant dans le processus normal. Ça va quand même vider les viviers de thèse assez rapidement. Il faut s’en rendre compte.
En conclusion, pour les personnels du second degré [ …]. Nous n’avons plus de médecins, je tiens à vous le dire. Je pense qu’on peut quand même se mettre d’accord là-dessus, par exemple. En ont assez des dispositifs, des machins, des trucs qui changent, etc. À un moment, on ne s’occupe pas de la crise d’attractivité. On ne s’occupe pas du fait que les personnels de l’éducation nationale n’y arrivent plus et savent qu’ils n’y arrivent plus. Et ce n’est pas en changeant tous les programmes de l’école et du collège, qu’on va y changer quoi que ce soit. On va juste ajouter des tâches supplémentaires, de l’instabilité supplémentaire. Et pendant ce temps-là, on cherchera de plus en plus de contractuels qui ne sont toujours pas mieux formés qu’avant. Et on les balancera devant les élèves en priant si on est religieux, ou en croisant les doigts si on est laïque.
Je vous remercie.
Deuxième intervention de Jean-Rémi GIRARD, président du SNALC
Première intervention de Sébastien VIEILLE, secrétaire national du SNALC chargé de la pédagogie
Deuxième intervention de Sébastien VIEILLE, secrétaire national du SNALC chargé de la pédagogie
La vidéo complète de la commission
